Parce qu'il n'y a pas que les tomates qui ont le droit d'être cultivées...

Parce qu'il n'y a pas que les tomates qui ont le droit d'être cultivées...
marque de tâcheron tailleur de pierre - Château de Chambord - photo par S.Megani

jeudi 20 mai 2010

Copyright... Is copy right?


Un petit compte-rendu rapide aujourd'hui d'une exposition visitée ce week-end à Paris à l'occasion de la Nuit des Musées: Seconde Main, au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.

La Nuit des Musée est une initiative que j'apprécie beaucoup et que j'essaie d'honorer chaque année. L'ouverture tardive des musées partout en France et les événements spéciaux prévus ce soir-là valent généralement déjà le déplacement, mais quand on a en plus la chance de la passer à Paris c'est la cerise sur le gâteau!

Seconde Main est une exposition qui propose de voir ou revoir des œuvres majeures de la production moderniste sous le sceau de la "copie".

Exposées au milieu de leurs semblables, voir de leurs modèles, des dizaines d'œuvres "copiées" s'introduisent parmi les œuvres "légitimes" des collections du musées, comme autant de petits intrus réjouissant et inoffensifs, sauf peut-être pour notre définition de l'art et de ses chefs-d'œuvre.

Rassurons-nous, pas question de "faux" ici, au sens du faussaire, mais des imitations et des appropriations très réussies d'œuvres réputées par des artistes souvent non moins connus et réputés. Ainsi l'exposition déroule-t-elle sa presque rétrospective, mêlant avec espièglerie pièces originales sorties des fonds du musée et reprises, dans un joyeux brouillard chronologique qui achève de nous faire perdre tous nos repères théoriques si fièrement acquis.


(clic sur l'image pour agrandir)

Alors on se laisse emporter, au grès des salles, et par le jeu qui se met rapidement en place, à savoir, deviner de quel modèle s'inspire l'imitation. Certaines sont simples, tel ce tableau représentant une Campbell Soup de Warhol à la tom... non pas à la tomate justement, tout est dans le détail, regardez mieux. Oui il s'agit bien d'une soupe à la dinde! D'autres demandent un peu de recherche.

Mais quoi qu'il en soit, on arrive toujours à se délecter de l'œuvre présenter. Comme si ,au final, être certain que la pièce est bien un Sol Lewitt ou un vrai Delaunay avait peu d'importance puisque ces "imitations" parviennent à nous exalter de la même façon, juste pour d'autres raisons. Avec ce petit plus de la jubilation lorsque l'on parvient à déterminer l'auteur ou la nature de ce devant quoi on se tient.

Bien entendu on est un peu tiraillé, on se sent nerveux devant cette expérience qui remet en cause pas mal de nos "croyances" en matière d'art, qui questionne ce qu'au fond on a souvent soupçonné "est-ce l'œuvre ou l'artiste que j'admire?". D'autant plus que la scénographie parvient à nous faire accepter assez facilement l'idée que la "copie" est parfois plus réjouissante que la "vraie", ou que c'est tout à fait amusant de se moquer ainsi gentiment des principes fondateurs de l'art du XXème siècle. Seconde Main nous amène à nous reposer encore une fois ces questions sur art/signature/marché, un peu passées de mode (comme les occasions, les secondes mains) qui restent malgré tout présentes dans notre appréhension de la production artistique contemporaine.



Une exposition dès plus rafraîchissantes où les références et les certitudes artistiques durement forgées sont bousculées et remises en cause avec beaucoup de finesse et de subtilité. Devant nous défile presque 40 ans d'art moderne et des noms, qu'on aurait pas imaginé voir un jour ensemble se côtoient, tels les habitants d'un grand musée de Babel où les époques, les mouvements et les styles n'ont plus tant d'importance.

On parvient alors à un accord tacite avec soi en se disant, qu'après tout, peut-être, parfois, "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse".


En savoir plus


Musée d'Art Moderne de la Ville de PARIS

A la minute où j'écris cette article, voici le communiqué qui me parvient
Le MAM fermé après le vol de cinq tableaux de maîtres


Crédit photographique: Delphine Berte

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