Des films vus récemment mais pas tous récents. Le top 3 est dans l'ordre de visionnage, pas dans l'ordre de préférence.
1er
The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (2014) |
Plus qu'un film, surtout une fable, burlesque, grandiloquente, envahie de couleurs criardes réjouissantes. L'histoire de M. Gustave H, parfait maître d'hôtel au sein du célèbre et prestigieux Budapest Hotel qui va vivre un tas d'aventures un poil surréalistes parce qu'il vient de recevoir en héritage un tableau de maître inestimable de la part de son ancienne amante octogénaire et pleine aux as. (Tilda Swinton ridée comme une vieille pomme, magique). Il est accompagné dans ses tribulations par le jeune Zéro, tout nouveau groom de l'hôtel.
L'intrigue prend place dans l'entre-deux-guerres, dans un pays imaginaire, sorte de Carpates technicolorisées, la montée des nationalismes en toile de fond.
Comme toujours chez Wes Anderson, on retrouve des thématiques qui lui sont chères : la transmission, celle du savoir-faire (Gustave tient à former Zéro à la perfection) ou au sens de l'héritage (ce que l'on laisse, ce que l'on donne) la figure du mentor (le père spirituel), l'accomplissement d'une quête, qui mènera les protagonistes dans des lieux insolites et offrira des situations totalement fantastiques!
Le ton du film est plutôt celui de l'humour. Que ce soit dans les dialogues incisifs ou les situations délirantes, ou encore dans la très cartoonesque réalisation, qui donne par moment la sensation de regarder un (bon) film d'animation. D'ailleurs, toute la photographie du film est particulièrement acidulée, et donne à l'ensemble cette impression de conte fabuleux et dérangé, colorisé par un daltonien. Vraiment très réjouissant, drôle et beau, le film n'oublie pas pour autant d'être émouvant et profond à d'autres moments, notamment lors des passages impliquant les soldats d'une armée très bête et donc très cruelle...
Énorme casting pour ce film (avec bien sûr les chouchous d'Anderson Bill Murray et Adrian Brody en tête). A ce sujet, notons la performance de Jude Law, qui réussit l'exploit de rester sexy avec un bonnet de bain sur la tête! A voir en VO pour apprécier toute la subtilité du film.
2ème :
Monuments Men de Georges Clooney (2014) |
Là encore, gros gros casting pour ce nouveau film signé Clooney. On ne va pas se mentir, Monuments Men c'est un peu Ocean's Eleven chez les nazis. Ceci dit, ça n'enlève rien aux bons côtés de ce film, et ça y contribue certainement.
Le pitch: à l'heure de la débâcle allemande, une brigade formée de professionnels de la culture et du patrimoine s'engage à reprendre les trésors nationaux volés par les nazis et à les rendre à leurs propriétaires. Inspirée de faits réels, l'histoire à de quoi intriguer. Surtout quand on sait le chantier que représentent encore aujourd'hui les spoliations et autres authentifications dans le système juridique européen, ainsi que les fantasmes que cela suscite dans l'imaginaire collectif (cf l'affaire Gurlitt* dans les journaux).
Un très chouette film qui nous relate donc comment une poignée d'hommes - et une femme - sous armés et sous financés, à peine soutenus par le gouvernement américain, ont traqué, sauvé et restitué plusieurs centaines d’œuvres au terme d'une recherche acharnée à travers toute l'Europe.
Si le film n'échappe pas à certains clichés (les gentils américains qui vont sauver les trésors volés pour les rendre, eux, pas comme ces salauds de russes - même si c'est hélas la vérité), la traque fiévreuse, le suspens induit par l'urgence de la situation (Hitler avait donné l'ordre de tout détruire en cas d'échec de l'armée allemande), et bien sûr le dénouement si incroyable de cette recherche, tout cela nous tient sur le bord de notre siège, dans l'attente de savoir si (et comment) la Joconde retrouvera les cimaises du Louvre.
Bien sûr, à voir là aussi en VO pour profiter de l'accent frenchy de Jean Dujardin, pas si mauvais au regard du français de contrebande parlé par Matt Damon, sujet d'ailleurs de quelques moqueries au sein même du film.
3ème :
Rhum Express de Bruce Robinson (2011) |
Le film n'est pas récent, mais je n'avais pas eu l'occasion de le voir au cinéma.
Un journaliste new-yorkais se retrouve employé dans un journal local de l'île de Porto-Rico en 1960. Écrivain un peu raté et alcoolique très compétent, Paul Kemp débarque sur ce petit coin de paradis et y croise un photographe dresseur de coqs de combat, qui va devenir son compagnon de beuverie et de galères. Entre deux verres de rhum frelaté, un collègue sociopathe toujours beurré, amateur de discours nazis et une idylle avec la très belle fiancée d'un milliardaire escroc immobilier, le jeune journaliste cherche à comprendre son environnement et la population qui l'entourent. Pas facile pour un presque libéral au pays des ultra-capitalistes.
Rhum Express est un film qui donne soif. A force de voir Depp et son acolyte enfiler les rhums et les gueules de bois à longueur de temps, on a qu'une envie, un grand verre d'eau fraîche! Mais rien à voir avec un Very Bad Trip version caraïbes. Le film est plutôt acide avec la société américaine de la Guerre Froide, sur le point de transformer ses états coloniaux en parcs à fric pour beaufs yankee, défigurant au passage les somptueux archipels. Des dialogues drôles et abrasifs viennent renforcer l'ensemble. (Avec une récurrence décidément chère à J.Depp "y'a plus de rhum"! les fans comprendront...)
Comme le personnage principal, pendant un moment, on ne sait pas trop où l'on va avec ce film, mais on a bien envie de s'y rendre, un verre de Bacardi à la main!